The Woman Who Thought She Was a Planet

I wish that those who take me for granite 
would once in a while treat me like mud.
Ursula K. Le Guin


The Woman Who Thought She Was a Planet est le dernier chapitre de Border Buda, un projet culturel de trois ans qui se déroule à Buda, une zone industrielle où la périphérie nord de Bruxelles se prolonge à Vilvoorde et Machelen en Flandre.

Tel un vaste paysage de halls d’usine fermés, d’infrastructures à grande échelle et d’espaces intermédiaires sauvages, où le canal de Bruxelles et la Senne tracent leur chemin et où le massif viaduc de Vilvoorde s’élève, Buda semble être un lieu étrange — vide et inhospitalier.

Mais Buda est-elle vraiment aussi inhospitalière et vide qu’elle en a l’air ? Derrière les façades industrielles soigneusement dissimulées, le quartier déborde de vie : garages, traiteurs, salles de mariage, ateliers, entrepôts, sociétés de sécurité, entreprises de déménagement, abattoirs, studios d’enregistrement, plombiers, coursiers ou encore logements improvisés. Véritable back-office de Bruxelles, Buda fournit tous les services dont la ville a besoin et accueille ce qui — et ceux qui — n’y trouvent plus de place.

Aussi efficace que soit le camouflage de Buda pour certaines utilisations, il fait aussi du quartier une cible pour le développement immobilier et la spéculation. L’importante réserve de terrains et d’espaces, la proximité de la ville et des principaux axes de transport, et plus généralement, l’image négative de ces quartiers dits vides et résiduels incitent les acteurs publics et privés à les «développer» et les «optimiser».

Mais et si la friche — la jungle urbaine, the wild beyond1 — était en fait l’idéal à poursuivre ? Un no man’s land qui appartient à tous, peuplé de fantômes du passé, du présent et du futur ? Tout ce discours sur les villes inclusives, les espaces mixtes, l’économie circulaire, les espaces verts où la nature est encore vraiment sauvage — et si tout cela était déjà devant nous, et que nous étions simplement incapables de le voir ? Et si l’avenir de Buda était déjà là ?

Dans The Woman Who Thought She Was a Planet, des artistes, architectes, écrivains, chercheurs et créateurs radiophoniques spéculent sur les futurs possibles de Buda à travers les nombreux fantômes qui l’habitent. En leur présence, ils expérimentent d’autres façons de voir, d’évaluer et d’habiter Buda, afin de remettre en question son besoin de « développement » et d’élargir les imaginaires, modèles et typologies qui s’y rattachent. Ensemble, ils se posent la question : pour qui et avec qui développons-nous nos villes, et pourquoi ?

Le foncier est un levier crucial dans la financiarisation croissante des villes et des paysages, mais cela se passe souvent à l’abri des regards. À Buda également, des terrains sont achetés comme des marchandises silencieuses pour la spéculation : ils restent en attente, jusqu’à ce que le développement immobilier fasse grimper les prix du sol. Même les terrains publics peuvent être transformés en supports potentiels pour des projets immobiliers à but lucratif, car les autorités ont souvent besoin d’investisseurs privés pour « développer » leurs terres, ou bien elles adoptent directement leurs modèles et modes de pensée.

The Woman Who Thought She Was a Planet saisit cette occasion pour imaginer et expérimenter une autre conception du sol, au-delà de la propriété, vers quelque chose d’affectif et de relationnel, qui part des différents types de corps qu’il porte et soutient. Une conception du sol comme une pratique d’être avec lui.

Buda est construite sur un marécage. Un marécage instable, humide et fluide que de grandes usines, ponts et infrastructures tentent de contenir, stabiliser et assécher. Mais le marécage a ses propres façons de faire. Des fissures dans le sol révèlent la présence toute proche de l’eau en dessous — probablement le plus grand fantôme de Buda. Un fantôme pourtant bien vivant. C’est un paysage qui est aussi un corps. C’est une Femme et elle pense qu’elle est une Planète2.

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The Woman Who Thought She Was a Planet est Agency, Kübra Avci, Fabiola Burgos Labra, Beverly Buchanan, Elia Castino, Lucile Desamory, TRANSPORT (Carola Caggiano & Lucile Desamory), Ermias Kifleyesus, Mourad Ben Amor & Fairuz Ghammam, Bouba Touré & Raphaël Grisey, Ola Hassanain, Tomoko Hojo, Liesbeth Henderickx, Katja Mater, Jota Mombaça, Laura Muyldermans & Bart Leo Decroos, Bosse Provoost & Ezra Veldhuis, Cauleen Smith & Sarah Smolders.

Radio Fantôme est Nick Aikens, Kübra Avci, Het Be(h)lang van Buda, Buda+ & guests, Carola Caggiano, Compagnie Radix & des jeunes de Vilvorde & Haren, Lionel Galand, Flavien Gillé, Ludo Jappers, Bruno Forment, Kitchen Broadcast & guests, RITCS, Radio Haren, Els Silvrants-Barclay, Annelore Van Gool & encore.

Credits

The Woman Who Thought She Was a Planet est organisé par Border Buda, un projet de trois ans des villes de Vilvoorde, Machelen et Bruxelles.

Border Buda a été conçu par sa coordinatrice Sarah Demoen.

Un groupe de travail composé de décideurs locaux et de représentants d’associations culturelles locales suit le projet. Lara Claes est la collaboratrice de production de Border Buda, supporté par TheWorkshop.

Koi Persyn et Anna Laganoska ont curaté la première édition de la trajectoire Border Buda avec des commissions pour des oeuvres dans l’espace publique à Katja Mater, Evita Vasiljeva, Haseeb Ahmed, Ilke Gers, Nico Neefs & Colas Fiszman, Amel Omar, Elias Cafmeyer, Ignace Wouters, Marine Kaiser, Pieter Chanterie, Nel Maertens, Zinaïda Tchelidze. Cela s’est déroulé parallèlement à une recherche sur le patrimoine de Buda, menée sous la direction d’un groupe de recherche appelé Het Be(h)lang van Buda. Cette recherche a donné lieu à une promenade sonore réalisée par Lionel Galand, un événement de collecte d’histoires locales, ainsi qu’une série d’enregistrements audio par Rina Govers.

Els Silvrants-Barclay est la curatrice principale du dernier chapitre de Border Buda The Woman Who Thought She Was a Planet, accompagnée de Nick Aikens (pour Radio Fantôme) et assistée par Anouk Roosen et Tijana Petrović. Paulien Follings, Gert Aertsen, Werner Musenbrock et Fabienne Girsberger forment l’équipe de montage. Victor Verhelst est responsable de tout le design graphique, tandis qu’Anthony Barbarich (Studio Colibri) s’occupe du site web. Serenai & Nakami forment notre équipe presse. Lionel Galand et Thomas Oyarbazal assurent le soutien technique pour Radio Fantôme, hébergée gratuitement par The Corner et Buda BXL, en plus du studio installé à Fobrux.

Ce dernier chapitre est rendu possible grâce au projet Border Buda, financé par le Gouvernement flamand ainsi que les autorités des villes de Vilvorde, Machelen et Bruxelles qui l’ont initié, avec le soutien du partenaire local Buda BXL, ainsi que de GC De Linde, RITCS, POM, Orpheus Institute, la Province du Brabant flamand, PSR / Jan De Nul Group, VGC, et toutes les personnes qui portent et soutiennent le projet.

The Corner, Cantine, Karting First Kart’Inn et La Marina offrent un lieu convivial à Buda pour boire un verre ou manger un morceau.

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